Réalisé par Mamadou DIEYE
« Réduction de la dépendance aux importations, du déficit de la balance commerciale et des sorties de devises ; développement de l’économie des terroirs ; création d’emplois et de valeur ajoutée obtenues à partir de la transformation des ressources locales » entre autres visées. L’objectif global est de promouvoir les produits et services locaux et de créer un déclic pour contribuer à l’ancrage et au développement de la « mentalité du Consommer sénégalais ». Entre autres objectifs : installer une nouvelle mentalité centrée sur le consommer sénégalais ; le développement des filières ; la réduction des coûts logistiques et la maîtrise des chaines d’approvisionnement ; le développement de l’entreprenariat privé local et la création d’emplois ; la réduction des importations et du déficit commercial ….
« Durant le début de la crise COVID-19, on a vu développer des plateformes e-commerce, des applications numériques, la production de masques et de gels hydroalcooliques, de jus locaux et de céréales locales bien emballés, par les jeunes et les femmes. Ces résultats magnifiques sont à encourager ; ils doivent être amplifiés pour permettre la valorisation des terroirs et une nouvelle dynamique rurale » a relevé le ministre Abdou Karim FOFANA durant le mois du consommer local.
En outre, des lauréats ont été consacrés lors du Concours « Talents de Chez Nous », édition 2022 : « GIE Naatangue, évoluant dans l’Exploitation, la Transformation, la Valorisation et la Commercialisation de la Moule ; Cabinet Foodsen, spécialisé dans l’Accompagnement à la mise en place de Plan HACCP dans les entreprises agroalimentaires ; Toundebeer, active dans l’exploitation, la transformation et la Commercialisation des Produits agricoles ; GIE Dieurigno sunu Mbeye ; Cabinet Assistance et Surveillance Maritime en Afrique (ASMA AFRIQUE) ; GIE Ndiabote Diamay Bokome ; Réseau des Femmes pour le Développement intégré de Keur Massar….». Ainsi beaucoup d’efforts ont été faits, même s’il reste encore un long chemin. Tel est un résultat de l’organisation des Journées du Consommer local, sous le pilotage de Seydina Ababacar Sadikh NDIAYE Directeur des PME, accompagné par le Directeur adjoint Henry CARVALHO et le Comité national d’organisation.
CONTEXTE
Lors de la réunion des Ministres en charge du Commerce de l’UEMOA, tenue le 25 octobre 2019 à Ouagadougou, ils avaient décidé d’adopter, à compter de l’année 2020, le « Mois du Consommer Local », dans l’espace UEMOA.
Cette décision a pour objectif d’accompagner les efforts de transformation des produits locaux, à travers la promotion du savoir-faire national. Tout au long du mois, les Etats membres et la Commission sont invités à intensifier les actions de promotion de la consommation des produits locaux.
Par définition, l’UEMOA considère comme produits locaux, l’ensemble des marchandises, alimentaires et non alimentaires, ayant une origine communautaire, conformément à la réglementation. C’est la raison pour laquelle, tous les produits made in UEMOA sont promus sur tout le territoire douanier de l’Union.
Dans la même lancée, le Chef de l’Etat Macky SALL, en Conseil des Ministres du 19 août 2020 avait « invité les ministres concernés, à œuvrer à l’ancrage national de la politique du Produire et Consommer local. Également le 29 septembre 2020 en Conseil présidentiel sur le Plan d’Actions Prioritaires ajusté et accéléré (PAP 2A) pour la relance de l’économie nationale, il avait rappelé la nécessité de : « davantage développer un état d’esprit de nature à faire ancrer durablement une culture du Produire et du Consommer sénégalais ». Dans la même optique, le Chef de l’Etat, tirant les enseignements de la crise sanitaire planétaire, dont l’intensité de l’onde de choc avait surpris plus d’un, avait souligné « l’urgence de faire du Consommer sénégalais, non pas un effet de mode ou de conjoncture, mais l’affirmation d’une véritable culture de souveraineté économique ».
JUSTIFICATION
La pandémie de la COVID-19 a permis de prendre conscience de l’impérieuse nécessité de compter sur nos propres forces. Elle a surtout été révélatrice de l’ingéniosité des sénégalais dans beaucoup de secteurs d’activités et a stimulé leur créativité et savoir-faire, laissant voir un potentiel qui n’attend qu’à être exploité.
Apres deux éditions des recommandations ont été formulées : notamment, l’élaboration d’une Stratégie nationale de promotion des produits locaux et du Consommer local ; la préparation des catalogues sur les produits et services locaux et les recettes culinaires ; l’organisation des mini-foires ou expositions des produits locaux dans les régions ; l’amélioration de la qualité des produits locaux (emballage, analyses nutritionnelles, respect des normes et autres certifications.) ; la mise en œuvre des recommandations sur l’accès des PME au financement ; le renforcement de la communication ; le renforcement de la formation des Groupements de producteurs ; l’accompagnement les PME pour bénéficier des opportunités sur le Contenu local (Pétrole, du Gaz et des Mines)….
Pour relever tous ces défis précités, la contribution de tous les acteurs a été nécessaire, notamment les milieux de la recherche et de la formation, pour permettre d’accroitre les rendements, la quantité et la qualité de la production agricole et industrielle au sein des entreprises ; le secteur privé dans toutes ses composantes ; les associations consuméristes ; la jeunesse, la diaspora, la société civile, les institutions de la République dont les ministères sectoriels, agences d’exécution, chambres consulaires, chambres de métiers ; la BRVM ; la BCEAO ; les banques et les structures financières décentralisées ; les compagnies d’assurance, les bailleurs notamment, l’Union européenne, l’ONUDI, le PNUD, la Banque mondiale, l’AFD, l’USAID, la GIZ, etc.) ……
Les acteurs étaient venus des 14 régions, suite à des rencontres préparatoires.
Déroulement éditions 2022
Décembre 2021 à janvier 2022 : thème : « Promouvoir le Consommer local : une contribution à la mise en œuvre réussie de la ZLECAF ».
« La Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF) couvre un marché de 1,2 milliards d’habitants avec un PIB de 2 500 milliards de dollars US ; un taux de croissance des échanges à environ 15,5%.
Le lancement officiel de la première édition du « Mois du Consommer local » avait été fait par Assome Aminata DIATTA, Ministre du Commerce et des PME, en présence du Gouverneur de Dakar, des représentants du Corps diplomatique, notamment l’Ambassadeur de la République du Burkina Faso, la Représentante de la Commission de l’UEMOA à Dakar et les Chefs des Bureaux économiques des ambassades des pays membres de l’UEMOA.
Les interventions avaient mis l’accent principalement sur la nécessité de développer et de protéger la production locale (Agriculture, Elevage, Pêche, etc.) ; sur l’importance d’accélérer la transformation des ressources locales par l’appui à la création, de petites unités ou carrément d’usines modernes de transformation de fruits et légumes, de céréales, etc partout en fonction des avantages comparatifs et spécificités des régions.
Pour le représentant du secteur privé président de L UPIC, la ZLECAF constitue une étape importante du processus de facilitation des échanges commerciaux intra africain et de renforcement de la compétitivité de nos entreprises à l’échelle mondiale. Cependant, le secteur privé fait encore face à de nombreux défis à relever : « le financement du secteur productif ; les coûts élevés des facteurs de production (énergie, eau, transport) ; l’accès aux technologies ». Il a en outre appelé au soutien de l’Etat du Sénégal au secteur privé par : « la poursuite des réformes fiscales incitatives ; le soutien et le développement des investissements privés ; l’accès de nos entreprises au foncier aménagé ; la promotion des produits locaux soutenue par une politique de labélisation… »
Le représentant des associations consuméristes Momath CISSE, Vice-président de l’ASCOSEN, est persuadé que «le Consommer local est la solution idoine pour résoudre définitivement le problème récurrent de la flambée des prix et assurer notre souveraineté économique ».
Quant à la représentante de la Commission de l’UEMOA à Dakar AISSA KABO SIDIKOU, elle convaincue que « nous pouvons produire et consommer local : le poisson du Sénégal, le fonio du Mali, le poulet byciclette, le karité ou le faso danfani du Burkina faso, le kilichi ou le lait de chamelle du Niger, l’atieké de la Cote d’Ivoire, l’igname du Bénin ou du Togo, l’anacarde de la Guinée Bissau peuvent tous etre consommés directement, transformés et échangés localement ».
Pour elle, « il s’agit, de nourrir l’Union, à l’image de la stratégie « Feed Africa » de la Banque Africaine de Développement, qui appelle à déployer des technologies d’augmentation de la production agricole, afin de satisfaire la demande et de promouvoir la compétitivité des entreprises ».
Cela passe inévitablement par : « la disponibilité des produits en temps, en quantité et en qualité, conforme aux normes d’accréditation ; la disponibilité des infrastructures et des règles de facilitation des échanges ; le recours accru aux acteurs de changements culturels (traditionnels et émergents) … pour stimuler davantage le consommer local et générer un changement de paradigme et de comportement, notamment dans les secteurs de l’alimentation, du textile, des médicaments, objets d’une consommation de masse, confrontées à une rude concurrence importée…… »
A ce propos, le ministre Aminata Assome DIATTA avait recommandé : « la formalisation des entreprises, la signature des conventions de partenariats privés, notamment, des conglomérats, des co-investissements, des consortia ou des partenariats publics-privés dans des secteurs aux potentialités de croissance immenses comme l’Agro-industrie, la Pêche-Aquaculture, l’Industrie pharmaceutique, l’Elevage, le Tourisme et la Transformation digitale ».
Déroulement de l édition 2023
– décembre 2022 à janvier 2023 : thème « De la promotion du consommer local, un levier d’accroissement des investissements productifs, de développement et d’intégrations régionale »
« En consommant ce que nous produisons, nous encourageons l’esprit d’entreprendre de la jeunesse et des femmes, nous encourageons aussi la production locale, l’industrialisation locale, la création d’emplois ainsi que le développement des terroirs » a relevé le ministre Abdou Karim FOFANA. C’était à l’ouverture officielle le 5 janvier 2023, en présence du ministre de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur informel, Papa Amadou NDIAYE, de la représentante de la Commission de l’UEMOA à Dakar, Aïssa KABO SIDIKOU, du Grand Serigne de Dakar, Ablaye Makhtar DIOP, de la famille du Docteur Thianar NDOYE, parrain. Dr Thianar NDOYE est le Père du consommer local. Il fut un ancien directeur du Bureau de l’Alimentation et de la Nutrition (BANAS). Il a contribué à la création de l’Office de Recherche sur l’Alimentation et la Nutrition appliquée (ORANA) et de l’Institution de Technologie alimentaire (ITA).
Le Ministre Abdou Karim FOFANA a expliqué que pour repositionner l’économie dans sa croissance de 6% de 2014 « le Sénégal doit consommer ce qu’il produit et produire ce qu’il consomme ». Dans cette logique, il a rappelé les efforts consentis par l’Etat. « 67% de la Commande publique sont exécutés par des entreprises locales. Donc, nous sommes maîtres chez nous, environ 60% du mobilier national sont captés par des entreprises locales. En 2021, nous sommes à 64% et la somme d’1,4 milliards de francs Cfa décaissée par la Direction du Matériel et du Transit administratif (DMTA). Les artisans fabriquent les tenues scolaires pour les élèves de leurs localités. Le consommer local, c’est une question de conviction ».
Accès au financement
« L’accès au financement est une préoccupation des PME et des pouvoirs publics. l faut une discrimination positive » a noté le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Abdou Karim FOFANA,. Le ministre présidait le 03 janvier 2023 un atelier de partage avec le secteur privé national, sur les recommandations issues des travaux préparatoires des concertations sur l’amélioration de l’accès des PME au financement.
Le « Rendez-Vous du Financement » a été une sorte de rencontre grand public avec les banques, les SFD, les structures étatiques, les compagnies d’assurance, les sociétés d’investissement, la BCEAO, la Bourse régionale des Valeurs Mobilières, les services des ministères en charges des finances, de l’économie, des PME ; les Programmes divers, etc. au profit des entrepreneurs, des micros, petites et moyennes entreprises.
Selon Abdou Karim FOFANA, « seuls 10% ou un peu moins, du total de crédits sont captés par les PME au niveau de l’UEMOA. Il faut reverser la tendance et pour y parvenir, « 47 recommandations ont été formulées par six comités autour des réformes dans le cadre du PAP2A piloté par le Bureau Opération de Suivi du Plan Sénégal émergent ».
Concerne la commande publique, le ministre a indiqué que « 67% des marchés sont exécutés par les entreprises locales et c’est 852 milliards de F Cfa qui vont dans des entreprises locales et communautaires. Mais, il y a des projets où nous n’avons pas de financement local. Nous ne disposons pas d’entreprise qui peuvent le réaliser et le financement nécessaire. 60% des mobiliers dans la commande publique ont été fabriqués au Sénégal» fait-il savoir. Il fait noter que « sur le TER, 56% des travaux ont été réalisés par des entreprises locales. 83% de nos dépenses viennent de nos ressources intérieures. Cette année, nous allons dépasser la barre des mille milliards de F Cfa ».
Faciliter l’accès des entreprises à la commande publique
Les marchés publics représentent le cinquième (1/5) du PIB national a noté Fatma Awa Yell SALL, de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), lors d’un panel. En outre, dans le cadre de l’accompagnement des PME, elle a signalé que des réformes ont été introduites pour faciliter l’accès des entreprises à la commande publique, notamment à travers les décrets d’application de deux textes législatifs que sont : la loi d’orientation n°2020 -02 du 07 janvier 2020, relative au développement des PME ; la loi n° 2020-01 du 06 janvier 2020, relative à l’accès des startups à la commande publique.
Par ailleurs, dans le cadre des marchés exécutés par les femmes et les jeunes, « des dispositions expresses ont été mises en œuvre permettant à ces entreprises de saisir directement le Comité de Règlement des Différents (CRD), en cas de retard des paiements. A cet effet, l’ARMP est en partenariat avec la Caisse des Marchés publics qui s’érige en levier permettant d’endosser les retards des paiements ».
« La campagne de promotion du Consommer sénégalais doit se faire de manière pérenne pour inciter le secteur privé à produire davantage, créer plus d’emplois et des revenus décents pour les populations » a lancé Baïdy AGNE Président du Conseil National du Patronat (CNP). Pour atteindre ces objectifs communs, le secteur privé est plus que déterminé à travailler avec l’Etat pour accélérer la relance de l’économie, en levant les contraintes majeures « liées à l’accès aux marchés et au déficit de protection des filières stratégiques, l’accès à la commande publique et l’accès au financement, qui sont des préalables essentiels à résoudre avant de prétendre pouvoir faire du Consommer sénégalais, un levier de croissance inclusive et de développement endogène ».
Hamidou DIOP de la Confédération Nationale des Entreprises du Sénégal intervient dans le même sens « La réduction de notre dépendance extérieure dans des secteurs vitaux de notre économie est une priorité nationale. Chaque produit importé et consommé dans notre pays génère en contrepartie : d’une part, des emplois et des revenus à l’étranger au détriment de notre jeunesse ; et d’autre part, plus de déficit de notre balance commerciale et d’endettement extérieur ».
Il a ajouté qu’il faut « améliorer la qualité, la quantité, la compétitivité de l’offre nationale de production de biens et de services. C’est possible en agissant sur plusieurs leviers, notamment l’accès aux marchés, les facilités de financement, le développement local de chaines d’approvisionnement, etc ».A son avis, les femmes productrices et transformatrices de produits locaux doivent être dotées : « en micro-crédit moins contraignant ; en matériaux et produits d’emballage peu couteux et disponibles ; en meilleur accès aux chaines d’approvisionnement, notamment les hôtels, la grande distribution et les marchés à l’export ».
Pour le représentant de la Fédération Sénégalaise des Associations de Consommateurs (FESAC) Souleymane NDIAYE : « Consommer Local c’est favoriser l’équité territoriale, c’est sauvegarder le savoir-faire de nos artisans, c’est soutenir la compétitivité de nos industries… »
« Il est temps que le consommer local passe de l’étape de slogan à celle de réalité quotidienne de consommation » a relevé Serigne Djily SAMB, Président de l’Alliance Sénégalaise pour la Promotion du Consommer Local (ASCL), créée en 2020 à Louga. Il s’est fixé comme objectif la promotion du consommer local sur l’étendue du territoire national. Par ailleurs, il a rappelé les obstacles à lever : « absence ou état défectueux des pistes de production ; inexistence de magasins de stockage ou de chambres de conservation ; manque d’unités de fabrication ou de transformation répondant aux standards actuels ; concurrence liée à l’importation ; problèmes et litiges fonciers ; absence de moyens et outils d’écoulement … »
L’ASCL préconise des solutions : « foires dans les capitales régionales ; week-end du consommer local dans les départements ; investissements à mener avec la création de comptoirs du consommer local ; multiplication des infrastructures de fabrication ; production, transformation et de conservation ; priorisation des services et produits locaux par les structures étatiques ; respect de la réglementation relative à la commercialisation et à la distribution des produits locaux (étiquetage ; calibrage, fiche technique etc…) »
Pour sa part, Aïssa KABO SIDIKOU, représentante de la Commission de l’UEMOA à Dakar, est intervenu au nom d’Abdoulaye DIOP, Président de la Commission de l’UEMOA qui compte 130,8 millions de consommateurs potentiels dans les huit pays. Elle a relevé que « cette initiave s’avère aujourd’hui un veritable moyen pour accroitre le niveau du commerce intra-UEMOA, dont seul le changement des mentalités, des habitudes de consommation et de la perception des populations des produits locaux et originaires de l’Union pourraient permettre de relever le niveau d echanges fixé aujourd’hui à 15% » .
A travers son cadre d’actions prioritaires 2025, l’UEMOA poursuit le développement de politiques sectorielles communes d’accompagnement de la compétitivité de nos produits. Afin de donner plus d’impact au concept du consommer local ou du consommer UEMOA, la Commission a entrepris de : « dématérialiser les procédures et formalités douanières et du commerce extérieur ; développer une plateforme dénommée Connect UEMOA, facilitant la rencontre virtuelle entre l’offre et la demande de produits « made in UEMOA » ; élaborer un programme structurant de la promotion des produits communautaires.
1)Master-class
L’objectif est de contribuer à développer, très tôt, la culture du produire et du consommer sénégalais auprès des élèves des écoles supérieures, des étudiants et des jeunes entrepreneurs et leur permettre d’avoir, une bonne compréhension et une meilleure connaissance des enjeux, défis, opportunités et risques liés à des sujets d’intérêt stratégique tel que celui de la crypto-monnaie.
Ce thème de la crypto-monnaie participe à l’éduction financière des jeunes et femmes entrepreneurs, ainsi que des PME. L’objectif visé était d’attirer leur attention sur les cas d’arnaques et de pièges dont certains ont été victimes. Il s’agissait également de leur expliquer l’état de la réglementation bancaire au sein de l’UEMOA. En effet, l’usage des crypto-monnaies dans les transactions commerciales et financières est interdite, car le franc CFA est la seule monnaie ayant cours légal dans cette zone.
En 2022, les master class avait notamment porté sur l’amélioration de la qualité des produits locaux (normes, certification, analyses nutritionnelles, emballages, étiquetage, FRA, Codes à barres, QR-Codes sur la traçabilité, etc.). Des Master-class ont été organisés à l’intention des jeunes entrepreneurs, jeunes diplômés et les étudiants des écoles d’ingénieurs et écoles supérieures de gestion (ESP Dakar, Ecole Polytechnique de Thiès, ESMT, IPG-ISTI, SUPDECO, IAM, ISI, ISM, HEC Dakar, etc.). Ils ont été l’occasion de présenter des success-stories des PME-PMI principalement dirigées par des jeunes. Les thèmes avaient porté sur : les Sciences pour le développement, la densification du tissu des PME-PMI : l’entreprenariat et Insertion professionnelle des jeunes ; l’autonomisation économique des femmes ; le numérique, le virtuel et l’artificiel, pour la Promotion des PME-PMI….
2) Journées thématiques
Elles ont été dédiées en 2022 à des secteurs clés de l’économie, notamment le Tourisme, l’Artisanat et la Culture, l’Agriculture, l’Elevage, la Pêche et l’Industrie.
En 2023, des journées thématiques ont été dédiées à des secteurs clés de l’économie, notamment le Contenu local dans les domaines du Pétrole, du Gaz et des Mines, l’Artisanat et la transformation du Secteur informel, les Arts culinaires et la Gastronomie sénégalaise, l’Industrie pharmaceutique locale.
Ces moments d’échanges et de partage ont permis de faire connaître les projets, programmes ainsi que les réalisations des ministères et des services de l’Etat, dans le cadre de la promotion du Consommer local.
Contenu local, dans les domaines du pétrole, du gaz et des mines
Cette journée sur le contenu local a permis de présenter les réalisations de l’Etat, les projets et programmes, le cadre légal et les stratégies mis en œuvre, pour permettre aux entreprises, en particulier aux PME-PMI, de bénéficier et de mieux profiter des retombées du contenu local.
Artisanat et transformation du secteur informel
Cette journée s’est déroulée en deux phases : une phase exposition sur les produits artisanaux et une seconde phase sous forme de panel, qui a permis de partager les politiques, stratégies, programmes et projets de l’Etat visant à accompagner les artisans sénégalais.
Le Ministre de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur informel Pape Amadou NDIAYE a préconisé le déploiement de stratégies d’expansion du Consommer local, avec des enjeux de plusieurs ordres : économique et social (lutter contre la pauvreté et le sous-emploi…) ; sanitaire « Consommer local est très important sur la santé humaine. En effet, le Sénégal regorge de potentialités énormes dans le domaine de la médecine traditionnelle avec les produits hydro-diététiques. L’exemple patent est le kinkéliba qui est à la fois un épurateur hépatique, un cytoprotecteur qui renferme de multiples vertus reconnues à travers le monde ».
Industrie pharmaceutique locale.
Furent présents les composantes de l’Industrie Pharmaceutique locale, notamment l’Agence sénégalaise de Réglementation pharmaceutique (ARP), la Délivery Unit du Ministère de la Santé et de l’action sociale (MSAS), l’Agence Sénégalaise pour la Propriété Intellectuelle et Technologique (ASPIT), l’Association Sénégalaise des Industriels Pharmaceutiques (ASIP), le Bureau Opérationnel de Suivi du PSE (BOS/PSE) et les enseignants-chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) spécialisés dans la phytothérapie sénégalaise.
Ce panel a permis de mettre l’accent sur l’éventail des possibilités de valorisation de la pharmacopée sénégalaise et sur la nécessité d’accompagner les entreprises, en particulier les PME, à produire sur place des médicaments d’origine sénégalaise, conformes aux standards internationaux. Pour rappel, ces produits de santé fabriqués au Sénégal, sont conformes aux Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF) grâce à la réglementation reconnue par l’OMS, et seront destinés non seulement au marché local mais aussi aux autres pays de la CEDEAO.
Quelques programmes
favorisant le consommer local
Exécution du PAP-2A et des autres programmes d’urgence de l’Etat, par le biais des ministères.
-La mise en place d’un mécanisme financier de 300 milliards dans le cadre de l’exécution du PAP 2A pour faciliter l’accès au financement ;
-Programme d’autosuffisance en riz (PNAR) et du Programme national de relance de l’horticulture ;
-Pôles aquacoles avec des fermes industrielles marines et la modernisation du parc piroguier ;
-Projet d’autosuffisance en moutons (PRONAM) : valorisation du lait et des produits dérivés ;
-Projets d’agropoles intégrées et compétitives aux pôles Sud, Ouest et Centre pour accélérer la transformation des ressources locales ;
Rationalisation et mutualisation des services financiers et non financiers d’appui et d’encadrement au profit des PME-PMI pour rendre le dispositif d’accompagnement beaucoup plus efficace ;
-Programme de modernisation des marchés, leur connectivité et l’amélioration des circuits de distribution ;
-Production d’oignons : de 400 mille tonnes et de la production du riz : près de de 800 mille tonnes.
-Programme mobilier national et Tenues scolaires
– Commande publique : accès des PME (incitations fiscal, social)
-Entre autres : les Parcs industriels, les Zones Economiques Spéciales,
3) Panels scientifiques
formalisation
Les sous-thèmes 2023 ont porté sur : le renforcer des échanges et des investissements intra-communautaires, l’entreprenariat privé des jeunes et la création d’emplois ; la promotion du Consommer local ; le changement des habitudes extraverties de consommation des populations ; les passerelles entre le milieu de la recherche et les entreprises ; la problématique de la qualité et de la sécurité sanitaire des aliments….
1875 PME ayant obtenu le FRA en 2020
et plus de 60% des FRA portent sur les jus et les céréales locales.
Le concept du « Consommer Local » est une demande sociale qui favorise la souveraineté alimentaire du pays. L’Autorisation FRA est obligatoire et doit être mentionné sur le produit a souligné le Directeur du commerce intérieur Oumar DIALLO. Il poursuit « Cette exigence trouve son fondement sur la base d’un cadre réglementaire énuméré par différents décrets signés respectivement en 1966, en 1968 et en 2005. Son cadre institutionnel est géré par la DCI, avec la mise à la disposition de toutes les procédures à travers la Direction de la Consommation et de la Sécurité du Consommateur (DCSC)».
DIALLO a rélevé également que disposer du FRA nécessite le respect de nombreuses exigences en relation avec la conformité du lieu de fabrication aux normes d’hygiène en vigueur, idem pour les équipements de production, le personnel et l’innocuité du produit fabriqué, etc. En outre, la procédure nécessite des frais d’analyses qui sont à la charge du fabricant. L’autorisation FRA est délivrée suite à l’approbation du laboratoire d’analyses, attestant l’aptitude du produit à la consommation humaine.
DIALLO a recommandé : « le renforcement de capacités des producteurs et transformateurs ; la construction d’unités de productions modernes et adaptés pour les opérateurs ; la mise à niveau des unités de production ; des subventions ou autres facilitations, pour la prise en charge totale ou partielle des frais d’analyse ; la mise en relation des producteurs avec les Grandes surfaces ; l’ajout de la charcuterie fraîche dans les produits éligibles au FRA ».
Mise à niveau
Il existe trois types de mise à niveau : la mise à niveau allégée, la mise à niveau globale et la mise à niveau sectorielle. En termes de réalisations, 166 dossiers ont été traités, plus de 88 milliards d’investissement approuvés et une prime de 19 milliards octroyée, selon le BMN.
Il existe un processus prévu pour en bénéficier. « Un diagnostic rigoureux de l’entreprise est d’abord établi, avant d’élaborer un plan de mise à niveau et ensuite accompagner l’entreprise à sa montée en puissance » a noté Ndèye Aminata SAMB, Expert financier. L’adhésion des entreprises à la mise à niveau est volontaire, mais six (6) critères d’éligibilité sont à respecter, notamment : « adhérer volontairement au programme ; être une entreprise privée de droit sénégalais ; avoir au moins un an d’activités pour la mise à niveau spécifique et deux ans pour la mise à niveau globale ; tenir une comptabilité conforme au SYSCOA ; être en activité et n’être ni en liquidation, ni en procédure de règlement judicaire ; faire partie des secteurs éligibles ».
Identification unique des produits
GS1 dispose d’un instrument avec des codes à barres pour l’identification de tout produit proposé à la commercialisation. « Il s’agit d’un numéro d’identification mondiale d’un produit donné (GTIN). Les chiffres du code à barres donnent une dénomination sur le pays, le produit et la clé de sécurité. C’est la plaque d’immatriculation des produits et il permet leur traçabilité. Le préfixe 604 du code à barres est l’indication à vérifier pour s’assurer qu’un produit est bien d’origine sénégalaise » a relevé Saliou Gaye NDOYE, Président de Global Standards One (GS1) Sénégal adhérant depuis 2013.
Les solutions que GS1 Sénégal fournit aux entreprises locales s’appuient sur une législation régissant l’identification des fabricants. A terme, l’ambition est de faire évoluer le statut de l’organisme, pour le faire passer d’’association, à structure d’intérêt public.
PROMOUVOIR LE CONSOMMER LOCAL : UNE CONTRIBUTION A LA MISE EN ŒUVRE REUSSIE DE LA ZLECAF
Au-delà de la présentation de l’accord-cadre de la ZLECAF et ses principales annexes, toutes les interventions ont corroboré la nécessité : d’améliorer le climat des affaires ; de rationaliser l’organisation de l’écosystème d’encadrement des PME-PMI ; d améliorer la qualité des produits mis en vente sur le marché de la ZLECAF (1,4 milliards d’habitants) ; de promouvoir les produits locaux.
Fatou Ndiaye DIOP, présidente de la Fédération des Professionnelles de l’Agroalimentaire du Département de Mbour (FEPADEM) etait revenue sur les difficultés récurrentes des groupements de femmes productrices : matériels de transformation, autorisations de fabrication et de mise en vente (FRA), formations qualifiantes en matière de leadership pour renforcer leurs capacités.
Pour sa part, le Dr Falou SAMB, Conseiller Spécial du Président de la République, a souligné que « le Chef de l Etat a logé une ligne de financement de 5 milliards cfa à la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE) afin d’accompagner les initiatives allant dans le sens de promouvoir le produire et le consommer sénégalais. En effet, les contrats d’investissement doivent prendre en compte le contenu local dans le domaine de la consommation de nos produits locaux ». Il a noté qu’ « à partir des enquêtes de l’ANSD sur l’Indice des Prix à la Consommation (IPC), que l’augmentation des prix est surtout due aux produits importés. D’où l’importance de développer des réflexions sur le consommer local chez les populations ».
Le Directeur Général de Mamelles Jaboot Pierre NDIAYE, une entreprise spécialisée dans la fabrication de produits laitiers et céréaliers demande la valorisation de la chaine de valeur mil : « créer des magasins de stockage du mil pour mieux assurer l’approvisionnement et la production de masse ; éliminer la pénibilité de l’accessibilité à la farine du mil ». Selon lui, le modus operandi reste la mutualisation des forces à travers la contractualisation agricole au niveau du Sénégal.
« Appuyer à la création d’un institut d’emballage et de conditionnement, au Sénégal qui profiterait à toute la sous-région ». Recommandation faite par Ousmane SY, Expert de l’ONUDI, Coordonnateur du Programme de Résilience et de Relance des micros, petites et moyennes entreprises (P2R), financé par l’Union Européenne à hauteur de deux millions d’euros et les Chambres de Commerce du pays en sont les points focaux.
STRATEGIES ET PLACE DES ACTEURS-CLES DANS LA PROMOTION DES PRODUITS ET SERVICES LOCAUX ET DU CONSOMMER LOCAL
Le diagnostic a été fait sur la filière maïs par le président des Commerçants transformateurs de maïs du Sénégal Baba NDIAYE qui a relevé que les contraintes majeures sont liées à l’accès à l’emballage et à l’autorisation de fabrication (FRA).
« La promotion du Consommer local n’est pas l’apanage d’un seul ministère, ni d’un groupe d’acteurs. La réussite de la Stratégie nationale de Promotion des Produits locaux et du Consommer local nécessite la participation de tous : Etat et ses démembrements, secteur privé, associations consuméristes, société civile, sans oublier les médias qui ont un rôle extrêmement important à jouer en matière d’information, de communication et de sensibilisation, pour faire ancrer une culture du produire et du consommer sénégalais ». Telle est la conviction de Seydina Ababacar Sadikh NDIAYE Directeur des PME et coordonnateur du « mois du Consommer local ».
Malgré des succès, des insuffisances ont été mises en exergue lors du panel par Djily LO, Directeur des PMI et Coordonnateur du projet sur les agropoles qui a expliqué que plusieurs éléments capitaux ont été à la base de la mise en place des agropoles notamment : «la forte importation de produits agroalimentaires, la faiblesse du taux de transformation des produits locaux, la faiblesse de la compétitivité, l’insuffisance d’infrastructures de production et la faiblesse de la territorialisation ».
Le projet de création d’agropoles a été inscrit depuis 2014, dans les 27 projets phares du Plan Sénégal Emergent (PSE). Cinq agropoles sont en cours de développement.
Les agropoles visent à contribuer à la transformation structurelle de l’économie, à contribuer à la création de 14 000 emplois directs et 35 000 emplois indirects.
Pour asseoir cette culture « du Produire et du Consommer sénégalais », Seynabou Ndiaye SARR, de la Direction du Commerce Extérieur (DCE), a recommandé : « l’identification des produits locaux à fort potentiel ; le renforcement de la chaine de distribution ; la tenue d’une plaidoirie efficace, la mise en conformité sur les exigences techniques (qualité de l’emballage) ; la diversification de nos produits ; la proposition d’une offre différenciée à celle de nos concurrents ».
Pour le Professeur Mamadou GAYE, Directeur Général de l’Institut Africain des Politiques Commerciales (IAPC) le Sénégal est un pays de pêche avec un linéaire de 700 km de côtes, il préconise la réalisation d’une cartographie globale des ressources halieutiques dont dispose le Sénégal. Sur cette question, Djily LO a signalé que dans la mise en œuvre des agropoles, des actions concrètes sont prévues pour mitiger la surexploitation des produits halieutiques, notamment par la mise en place de bassins aquacoles sur tout le territoire national.
FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Accès au financement
Positions du patronat
« L’accès au crédit des PME constitue un enjeu majeur pour la croissance économique inclusive du développement de notre pays », a fait observer le vice-président du Conseil national du patronat du Sénégal (CNP) Cheikh Tidiane SY.Il poursuit « de Bâle 1 en 1988 à Bâle 4 prolongée jusqu’en 2027 en raison des conséquences de la pandémie sanitaire, le risque-crédit, le risque-marché et le risque opérationnel sont portés à un niveau optimal, alors que cela ne se justifie pas, au regard de la réalité et des besoins de financement de notre pays. Ainsi, une attention toute particulière doit aussi être portée à un cadre réglementaire et juridique incitatif au capital-investissement et au capital risque »
De son côté, le président du Conseil national des Employeurs du Sénégal (CNES), Adama LAM préconise l’union du patronat pour que l’Etat ait des interlocuteurs responsables et efficaces. « Beaucoup d’actions qui devaient être efficaces ne le sont pas en réalité. L’Etat fait face à plusieurs composantes et chacun cherche à tirer la couverture », indique-t-il. Il ajoute : « Il faut que l’informel, tende vers une formalisation de nos entreprises. Les banques sont des structures qui cherchent à produire une richesse, il faut que les dossiers que nous déposons soient bancables d’où la nécessité de se formaliser. Le fisc doit comprendre que les entreprises naissantes aient un répit pour s’en sortir. Beaucoup d’entreprises ont peur de se formaliser à cause de cette question fiscale », martèle-t-il.
Réduire les niveaux d’importation
Il s’agira de trouver les stratégies et alternatives pour rendre les instruments et produits financiers beaucoup plus adaptés aux besoins réels des entrepreneurs La balance commerciale déficitaire est marquée par une facture alimentaire extravertie de plus de 800 milliards en 2020. Les importations de sucre sont supérieures à la production locale et une grande partie du riz consommé au Sénégal est importée, soit 246 milliards cfa. Toutefois, il faut noter qu’entre 2019 et 2020, nous avons assisté à une hausse de la production du riz local. « les sénégalais sont plus enclins au négoce qu’à investir dans des secteurs tels que l’agriculture, la pêche et autres, dans une optique de contribuer significativement à la promotion des produits locaux et du Consommer local » s’est offusqué Amadou Amine LO de la BCEAO.
Cette propension à importer au détriment de la consommation de produits locaux de même nature constitue un véritable obstacle au développement et à la compétitivité de nos PME qui n’arrivent pas à suffisamment tirer profit d’un marché domestique dynamique voire du vaste marché communautaire de l’UEMOA et de la CEDEAO.
Du point de vue de la Balance des Paiements du Sénégal pour l’année 2021 :
-des sommes estimées respectivement à 688 milliards FCFA et 786 milliards FCFA ont été dépensées en 2021 et 2022 en importations de produits.
-importations de riz pour environ 1,2 millions de tonnes et 262 milliards FCFA en valeur, le sucre pour 137 mille tonnes et 47 milliards FCFA en valeur, le lait pour 26 mille tonnes et 37 milliards FCFA en valeur ;
-des importations de blé pour plus de 900 mille tonnes et 149,5 milliards FCFA
Les PME n’ont pu capter que moins de 10%
du total des crédits destinés aux entreprises
Ce panel a permis de passer en revue le dispositif de financement mis en place par la BCEAO, les instruments de financement dédiés aux PME-PMI mis en place par la BRVM, les produits financiers de la Société Générale du Sénégal (SGBS), les projets d’accompagnement des PME-PMI mis en place par ECOBANK, les instruments de financement du FONGIP, les produits financiers de Orange Business, etc.
Il ressort clairement des statistiques de 2020, que les PME n’ont pu capter que moins de 10% du total des crédits destinés aux entreprises, alors qu’elles représentent 99% du tissu économique national.
Dans les recommandations, l’accent a été mis sur la nécessité de mettre à profit les nouveaux types de financements innovants (Affacturage, Crédit-bail, Crowdfunding, Fonds d’investissements, financement par le SRE, etc.).
« Rendre les instruments et produits financiers
plus adaptés aux besoins réels des entrepreneurs »
Dr Falou SAMB, Conseiller du Président de la République en matière de Commerce et d’investissement, modérateur du panel a insisté sur la nécessité d’une meilleure communication sur les possibilités de financement des entreprises locales.
« Faire la promotion et le développement des PME/PMI par l’identification des secteurs à fort potentiel de croissance, renforcer la formalisation des PME-PMI ; créer une grande synergie dans les actions du Gouvernement en faveur de la promotion du Consommer local ». Telles ont été des recommandations de Ahmadou Al Amin LO, Directeur National de la BCEAO sur le financement, le nœud gordien rencontrés par les PME/PMI.
Lors de la réunion de partage des résultats des sous-comités mis en place dans le cadre du Dispositif de soutien au financement des PME-PMI de la BCEAO , le 03 janvier 2023), Ahmadou Al Aminou LO, Directeur National de la BCEAO, pour le Sénégal a souligné que « l’Etat du Sénégal s’est engagé, dans le cadre de l’initiative Compact With Africa, à résoudre les contraintes structurelles d’accès élargi des PME aux financements notamment bancaires. Cette initiative, portée par la GIZ, devrait permettre de fédérer les nombreuses initiatives lancées à travers divers dispositifs pour atteindre cet objectif. Le constat reste malheureusement que les résultats sont encore largement inférieurs au potentiel. En effet, les crédits bancaires au secteur des PME/PMI représentent un peu moins de 10% du total des crédits. Il urge donc de travailler autrement ». Un programme “Accès aux financements » a été créé dans ce sens.
Dispositif de soutien
au financement des PME.
« Ce dispositif offre des dispositions réglementaires favorables aux financements des PME, notamment, le refinancement des banques commerciales à hauteur de 90% des encours de crédits attribués aux PME ». a rappelé le Ministre FOFANA.
En 2022, 804 PME ont bénéficié de financements, sous le régime de ce dispositif, avec un encours global de 350 milliards FCFA.
En 2020, un montant de 5 382,4 milliards de crédit bancaire (financement bancaire) est enregistré au Sénégal. Les créances en souffrance dans les banques commerciales posent un grand problème. « Les contentieux entre les banques et les opérateurs économiques sont récurrents. De ce fait, les banques sont devenues frileuses pour accorder du crédit aux opérateurs ». a souligne Amadou Amin LO.
Concernant les opportunités du dispositif d’appui des PME, M. LO renseigne sur les conditions à respecter : « être immatriculé au Registre du Commerce et Crédit Mobilier (RCCM) ; avoir un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 1 milliard de FCFA ; avoir une capacité de remboursement ; se doter d’une comptabilité certifiée ».
30 structures d’appui et d’encadrement (SAE) des PME-PMI au Sénégal
Il existe plus de trente structures d’appui et d’encadrement (SAE) des PME-PMI au Sénégal, chargées de veiller au renforcement des capacités, à la réalisation de plans d’affaires le diagnostic d’entreprise et le suivi ex-post. « Sur 9 053 dossiers de demande de financement reçus 3 330 ont été acceptés en 2020. Une grande partie de ces dossiers a donc été rejetée pour divers motifs : dossiers incomplets ; manque de garantie ; absence dans la base de données ; problème de gouvernance ; états financiers ; défaut de rentabilité potentielle ».
Mr LO a recommandé que, « les mécanismes existants au sein de l’ADEPME, du Bureau de mise à niveau, du Fongip, du Fonsis, de la DER/FJ, des fonds sectoriels dédiés logés au niveau de divers ministères devraient faire l’objet d’une cartographie précise et d’une répartition des rôles en fonction des cibles d’acteurs et des priorités déclinées dans le Plan Sénégal émergent ».
L’évaluation du risque est déterminante a noté Kardiata BA DIOUF, de la BCEAO. « Le Risque est évalué par la banque avant d’accorder un prêt. Par exemple la DGID a mis en place une plateforme dénommée Sen Etats financiers, qui enregistre les états financiers de manière régulière, pour une meilleure traçabilité »
Favoriser le capital-investissement
« Avant de parler de financement, il faut d’abord se pencher sur les secteurs à fort potentiel pour l’économie nationale » a noté le Dr Babacar SENE, Professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Pour lui, au niveau international, certains types de produits comme le « Social Bonds » sont des solutions d’accompagnement pour le financement des pays pauvres. « Une autre source de financement important pour nos Etats réside dans le capital-investissement, qui permet un financement durable des entreprises. Ce type de financement existe dans des pays anglo-saxons de l’Afrique, comme l’Afrique du Sud et un certain nombre de pays de l’Afrique de l’ouest commencent petit à petit à s’intéresser davantage à ce type de financement ».
Le financement par la bourse :
faire des placements pour une fructification de l’épargne
Un système d’allègement est mis en place pour permettre aux PME/PMI d’y accéder plus aisément. « La bourse n’est pas une affaire strictement réservée aux entreprises de grande taille » a relevé Oumar DEME, Directeur de l’antenne de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) au Sénégal. La BRVM, le marché unique des capitaux, a été créé en 1996 par l’UEMOA et dispose d une antenne dans chaque pays membre, sauf en Guinée Bissau qui vient d’intégrer comme membre. La fonction principale des marchés des capitaux est d’accompagner le développement des économies locales, aussi bien pour les états que pour le secteur privé.
« La SONATEL représente 34% des valeurs boursières sur les 46 entreprises cotées à ce jour en bourse. Dans cette palette de sociétés cotées, les opérateurs et les personnes intéressées peuvent faire des placements pour une fructification de l’épargne dans le temps. La rentabilité moyenne de la BRVM est de 9,62% entre 2009 et 2019. Elle compte 95 lignes obligataires et 13 067 milliards de FCFA de capitalisation ».
Sur les modalités d’accès au financement de la BRVM, M. DEME informe « qu’il est d’abord nécessaire de se formaliser en SA (Société Anonyme), d’avoir un capital social de 10 millions de FCFA ….. Il a de même signalé qu’un système d’allègement est mis en place pour permettre aux PME/PMI d’y accéder plus aisément ».
Des synergies ont été développées entre la BRVM, la BCEAO, l’ADEPME et la BMN pour mieux encadrer les PME/PMI locales. Aussi, des entreprises ont-elles été formées au niveau de l’UEMOA, comme Neurotech, la Laiterie du berger, Numherit, Azalai SA, MINEEX, SODIGAZ SA, etc.
Partenariat avec les banques
«ECOBANK a un réseau de partenaires structurés lui permettant de mieux modéliser les financements : a titre d’exemple, l’Union Nationale des Commerçants et Industriels du Sénégal (UNACOIS) accompagnant ses membres dans l’accès au financement. Idem pour la SONACOS, dans le cadre de conventions nouées avec les collectivités locales. En outre, un programme dénommé « Ellever » est mise en œuvre pour l’accompagnement des femmes entrepreneures » a souligné Assiétou DIAKHATE, Directrice commercialeLa Société Générale a aussi un dispositif de Financement des PME a signalé Aissatou Rassoul GUEYE, Responsable de la Maison des PME (initiative née de Growth in Africa, une initiative RSE, orientée vers les femmes et les jeunes).
Elle a rappelé l’existence d’un réseau de 17 partenaires dans des domaines d’activités divers pour tirer les PME et les encadrer à travers des cours de courtes durées pour leur renforcement de capacités. « L’idée de ce dispositif est de faire le diagnostic des problèmes des PME, avant de leur apporter le financement nécessaire, en fonction de leurs besoins ». Elle a à cet effet cité quelques partenariats avec des entreprises bénéficiaires de ce dispositif, comme YUP Money Transfer et le réseau Entreprendre, entre autres.
E-money au profit des PME
« La Société Nationale des Télécommunications (SONATEL) totalise plus de cinq millions de personnes inscrites sur Orange Money et plus de 40 000 points de vente, sur toute l’étendue du territoire national » a relevé El Hadji Ndiaga MBAYE, Chef de Produits monétique. Avec Orange Money, les PME/PMI ont des comptes commerciaux pour assurer différentes transactions.
Assurer la garantie aux PME/PMI
« Suite aux multiples rejets des dossiers de demande de crédit aux banques, le Gouvernement avait décidé de créer le FONGIP » a rappelé Benoit DIATTA, Directeur des risques et des engagements. Issu d’une directive de l’UEMOA, il permet d’assurer la garantie aux PME/PMI dans les différents pays. Il est un dispositif qui accompagne et oriente les promoteurs dans la préparation des business plan. Ses principaux partenaires sont les banques qui financent les entreprises, au bout de la chaîne.
Monsieur Diatta a indiqué par ailleurs que la Banque Mondiale a développé un programme nommé ETER géré par l ADEPME, dédié aux TPME et aux PME, avec un fonds de 35 milliards cfa sur quatre ans. « Des conventions sont signées avec 12 banques afin d’accompagner les TPME et les PME ».
Des fonds d’investissement s’activent
autour du capital risque au Sénégal
«Avant financement, il existe un besoin d’analyser méticuleusement la situation, notamment la synchronisation du cycle de production de l’entreprise au cycle de remboursement de son crédit bancaire» a martelé El Hadji Malick SOUMARE, Directeur général de GroFin. M. SOUMARE milite et encourage des initiatives comme le Capital investissement (CAPEX), qui permettent d’accompagner valablement les PME/PMI à court terme. Il précise que depuis 2015, des fonds d’investissement s’activent autour du capital risque au Sénégal. « Le régulateur, en l’occurrence la BCEAO, est interpellée dans le soutien et l’accompagnement dans le Private Equity afin de favoriser le financement des PME/PMI. Les coûts sur le capital dépendent des taxes à l’entrée et des taxes sur les salaires des personnels de CAPEX. Pour lui cette double taxation doit être revue pour plus de rentrée de fonds ».
Affacturage
«Djike Factor implanté au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Mauritanie et au Cap Vert est une central d’achat, une solution d’affacturage sur le continent africain. Elle se présente comme une solution efficace pour pallier les besoins de liquidité des entreprises, notamment celles importatrices de biens » a souligné Thiémoko WAGUE, Country manager.
« En effet, l’accès au financement et le besoin en devises étrangères sont les freins majeurs au développement des entreprises en Afrique». Pour M. WAGUE, la solution de financement de Djike Factor « va permettre aux entreprises de régler leurs fournisseurs de façon immédiate sans impacter leur trésorerie, d’améliorer leurs relations commerciales et enfin d’accélérer leur croissance économique ». Il s’agira d’obtenir un financement en 72 heures.