« Discuter avec les autorités sur les possibilités d’investissement au Sénégal ». C’est l’objectif de la visite de Lord Collins le ministre chargé de l’Afrique, dans le cadre de la coopération commerciale entre les deux pays.
Le 19 septembre 2024, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Dr. Serigne Guèye DIOP a rencontré son homologue du Royaume-Uni pour l’Afrique, classé douzième pays en terme d’exportation.
Le ministre Lord Collins était à la tête d’une délégation d une cinquantaine de chefs d’entreprises, essentiellement des banquiers, financiers, industriels, hommes d’affaires, de fabricants de matériel agricole post récolte C’était en présence du Secrétaire d’Etat aux PME/PMI Ibrahima THIAM ; des organisations patronales et consulaires (CNES, CNP, UNACOIS, MDES, du Conseil national de l’Entreprenariat, (700 entreprises), Club des Investisseurs…… ; les représentants de la Société civile…). Le prive a dit être intéressé, particulièrement, par « l’infrastructure de stockage, la logistique de transformation, notamment de l’arachide, des métaux…. »
Il s’agit, aussi pour les banquiers britanniques, de « comprendre les besoins des PME sénégalaises »
Opportunités du Sénégal pour les investisseurs britanniques
Le Royaume-Uni investit déjà au Sénégal, dans des secteurs clés tels que l’énergie, les infrastructures, l’agriculture, les télécommunications… La Grande Bretagne est l’un des plus grands investisseurs en Afrique. Le Sénégal occupe une bonne place dans les investissements britanniques, les deux pays ayant même signé un mémorandum d’entente sur l’investissement et le commerce en 2012.
La Grande Bretagne a d’ailleurs été « un partenaire majeur du 1er Forum « Invest in Senegal » tenu en juin 2023, a Dakar, à travers le Department for International Development (remplacé maintenant par le Foreign, Commonwealth and Development Office). Cette activité avait vu la participation d’une forte délégation sous la conduite de John Humphrey, Commissaire au Commerce de Sa Majesté le Roi Charles III pour le Commerce en Afrique. Ainsi le Sénégal a été désigné comme « pays prioritaire par le Royaume-Uni pour son programme British Investment Partnerships (BIP) » a rappelé le Ministre Serigne Gueye DIOP.
« Votre pays est un acteur majeur des deux plus grands investissements jamais faits au Sénégal. il s’agit du projet gazier GTA qui bénéficie d’un financement de 5 milliards de dollars de BP et de la construction du port de Ndayane (avec un milliard de dollars et 20.000 emplois attendus) ; également le BRT’, une nouvelle infrastructure assurant le transport de dizaines de milliers de personnes par jour dans la capitale sénégalaise. » Ma visite est axée sur le renforcement de notre partenariat et les défis les plus importants : l’accélération de la croissance économique et les investissements, l’amélioration de la sécurité, l’approvisionnement en énergie propre, l’autonomisation des femmes et des filles’’, a relevé le Ministre britannique
« Nos exportations sur le marché du Royaume-Uni ont plus que doublé au cours des dix dernières années en passant de 42 millions de dollars américains en 2014 à plus de 96 millions de dollars en 2023. Les produits agroalimentaires, notamment maïs doux, les oignons, le piment…constituent un important pourcentage des exportations sénégalaises vers le Royaume-Uni », a noté le ministre Serigne Guèye DIOP.
Pour Serigne Guèye DIOP, deux types de politique industrielle ont été présentées. « La première, c’est la politique industrielle verticale, avec l’intégration de chaînes de valeur, dont celle de la mangue de Casamance ; la production animalière de la zone de Linguère ; les phosphate de Matam et de Mboro. Nous leur avons aussi parlé de politique industrielle horizontale, qui concerne les produits n’ayant pas besoin de matières premières locales, ceux de l’automobile, les produits pharmaceutiques, l’intelligence artificielle… ».
Autres opportunités rappelées par le Ministre Serigne Gueye DIOP « En matière de commerce, les produits sénégalais bénéficient depuis fort longtemps d’une facilité d’accès au marché britannique. D’abord dans le cadre du Système généralisé de Préférence (SPG) de l’Union européenne (UE) dénommée « Tout sauf les armes ». Ensuite à travers le nouveau schéma de préférence commerciale du Royaume Uni pour les pays en développement dénommé UK Developing Countries Trading Scheme ou DCTS. Ce dernier offre encore plus d’avantage à nos exportateurs ».
L’industrie sénégalaise s’annonce prometteuse, en raison de l’entrée récente du Sénégal dans le cercle des pays producteurs de pétrole et de gaz, selon M. Diop. « Le Sénégal peut maintenant lever les contraintes liées au coût de l’énergie. Auparavant, nous n’avions pas de gaz ni de pétrole pour faire cela. Nous n’avions pas de soufre, un dérivé du gaz naturel, pour produire des engrais. Aujourd’hui, nous pouvons le faire ».
Etats généraux : « sortir de soixante-cinq ans de politique industrielle manquée’’
Le but des états généraux de l’industrie et du commerce est de « créer entre 2 et 3 millions d’emplois dans les dix prochaines années. Ce sera l’occasion pour le pays de sortir d’une période de soixante-cinq ans de politique industrielle manquée » dixit le ministre.
Il poursuit « les états généraux seront une occasion unique de faire se rencontrer le patronat sénégalais, le patronat britannique et mondial, pour tracer notre politique industrielle pour les vingt-cinq prochaines années, avec un premier plan 2025-2030, dans lequel nous allons investir massivement… »
Pour sa part, Juliette JOHN, ambassadrice du Royaume-Uni au Sénégal, avait salués, lors de rencontres précédentes, la présence remarquable des investisseurs britanniques dans plusieurs secteurs. « Nous comptons parmi nous plus de 40 entreprises issues d’un large éventail de secteurs, notamment l’énergie, la finance, l’agriculture, l’éducation, la santé et les infrastructures. Nous souhaitons vraiment que les investissements britanniques aient un impact positif sur l’économie, le développement, la création d’emplois et le transfert de technologies ».
La chef de la diplomatie britannique a aussi révélé que l’accès au financement est un pilier clé pour tout écosystème commercial florissant expliquant que pour les entreprises, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes, il peut être difficile d’obtenir un financement adéquat. « Nous savons que le déblocage de solutions de financement, y compris les partenariats public-privé, peut combler les lacunes et ouvrir de nouvelles voies de croissance. L’accent que nous mettons sur les solutions énergétiques est tout aussi important », a-t-elle assuré, soutenant que sans une énergie fiable et abordable, « même les idées les plus innovantes et les projets les plus ambitieux peuvent échouer ».
L’ambassadeur du Sénégal au Royaume-Uni, le général Cheikh WADE, a qualifié le Royaume-Uni de « partenaire stratégique » pour les autorités publiques et le secteur privé sénégalais.
Le directeur général adjoint de l’APIX, le colonel Mamadou DALLO a, pour sa part, affirmé que « l’engagement du gouvernement à créer un environnement favorable aux affaires fait du Sénégal une destination attrayante pour les investisseurs désireux d’avoir un impact positif tout en réussissant financièrement ».